« Promenade », « En Garde !  », « Dordogne »… Pourquoi les noms français de jeu vidéo ont la cote


Grand Theft Auto, The Legend of Zelda, Call of Duty, Counter Strike… Peut-on devenir un jeu vidéo à succès sans un nom à consonance anglaise ? Historiquement c’est la norme, que l’on soit Japonais (Space Invaders, 1978), Polonais (The Witcher, 2007) ou Français (Life is Strange, 2015).

C’est en effet le moyen de toucher à la fois une audience internationale, et en particulier les Etats-Unis, premier marché du secteur vidéoludique avec 46 milliards de dollars (42,5 milliards d’euros) de recettes en 2023, selon le cabinet Newzoo. Quelques alternatives demeurent avec l’usage des noms propres (pensons au Russe Tetris ou au Japonais Pong) ainsi que de rares titres chinois et japonais qui visent leurs marchés intérieurs.

Mais une nouvelle voix commence à se faire entendre – en français. Le 23 février sort Promenade, sur consoles et PC. Il succède aux récents Dordogne, Blanc, En garde !, Jusant, Racine, Vaudeville, Onde ou Chronique des silencieux. Sans compter l’arrivée prochaine de Cabernet, Eté ou Reveil. De quoi convaincre des membres de l’Académie française ou de l’Office québécois de la langue française de se mettre au jeu vidéo.

En français, le « jusant » est un terme marin qui désigne la marée descendante.

Eviter le déjà-vu

Les habituels noms anglais lassent, estime Romain Chateigner, président de Holy Cap, installé à Nantes, qui produit Promenade. « Il y a un champ lexical des noms de jeux en anglais qui est très restreint. Des mots comme “Super”, “Magic”, “World” ou “War” reviennent tout le temps », observe-t-il.

Le terme français « promenade », au contraire, se démarque et interpelle. « Nous souhaitions nous détacher des titres mondialisés, que le nôtre ait une dimension onirique », explique Maxence Plou, réalisateur du jeu de plate-forme aux tons pastels qui met en scène un jeune garçon et son poulpe.

Cette technique n’est pas l’apanage de studios établis en France ou au Québec qui chercheraient à mettre en avant un savoir-faire reconnu, analyse Simone Odoardi, fondateur de Bumblebee Studios, à Stockholm : « Un terme étranger ou complexe accompagne souvent une recherche de sophistication qui permet de se distinguer des productions mainstream. » Un procédé que l’on retrouve, par exemple, dans le cinéma ou la littérature, souligne ce Suédois originaire d’Italie qui a développé le jeu d’enquête Vaudeville (2023).

« En garde ! » se déroule dans l’Espagne du XVIIe siècle, époque à laquelle ont été développés les premières « comédies de cape et d’épée ».

Le phénomène est encouragé par le « très bon rayonnement international du français », selon Adrien Poncet, game designer d’En Garde ! « De nombreuses expressions françaises sont utilisées en anglais. Pensez aux “déjà vu”, “je ne sais quoi”, “rendez-vous”, “restaurant”... “En garde” tombe dans ce cas de figure, d’autant plus qu’il s’agit d’un terme d’escrime universel », détaille le cofondateur du studio montpelliérain Fireplace Games.

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